L’ENSTIB aux Assises des Forêts et du Bois du Grand Est

En cette fin novembre, au Palais des Congrès de Remiremont (88), se sont tenues, à l’initiative de l’interprofession de la forêt et du bois (Fibois Grand Est) et en partenariat avec l’Association des Hommes et Des Arbres, les Assises des Forêts et du Bois du Grand Est, premières du nom. L’objectif de ces Assises était de rassembler l’ensemble des parties prenantes, des forêts, afin d’envisager de construire ensemble, grâce à la diversité des sensibilités, une vision partagée de la forêt de demain.

A cette occasion, Theresa Weinelt, Aïda Rouabah et Mathilde Bouillard, élèves ingénieures à l’ENSTIB ont prononcé le discours ci-dessous, fruit d’un travail effectué dans le cadre de l’UE consacrée à l’éthique de l’ingénieur, sous la houlette du Pr Pascal Triboulot.

Aida :

Bonjour, citoyens, forestiers, élus, industriels, acteurs de demain, je vous présente Thérésa qui vient KIEL en Allemagne, Mathilde qui vient d’Orléans et moi-même Aïda qui vient de Saint-Etienne.

Nous sommes toutes les trois étudiantes à l’ENSTIB en première année. Merci à vous d’être venus participer à ces assises.  Pourquoi venir aux assises de la forêt et du bois? Vous avez toutes et tous une réponse qui vous appartient, quelle que soit cette réponse, elle est respectable.

En quatre minutes on a vite fait de s’égarer, c’est pourquoi je fais un premier constat : celui d’une jeune étudiante qui a découvert l’univers de la forêt et du bois depuis seulement trois mois et qui fait un constat que je partage avec la majorité des français : nous sommes des grands ignorants de la complexité et des enjeux de cette filière.

Theresa :

Il est indispensable que les citoyens comprennent tous la forêt et ce que l’on en fait. Nous bien entendu, mais aussi tous ceux, les tout petits propriétaires forestiers en premier lieu, ceux qui ignorent même parfois qu’ils sont propriétaires, ils ont un trésor inestimable et renouvelable entre les mains.

Il est de notre devoir, futurs et actuels professionnels de la forêt et du bois, nous qui possédons les connaissances, de partager celles-ci, partout où c’est possible. Tout le monde doit avoir accès aux savoirs qui permettent de comprendre comment la forêt peut être gérée de manière durable.

Aïda :

Pour parvenir à une connaissance commune et partagée, je m’adresse aux élus. Vous qui avez les moyens de faire et défaire les lois, il serait judicieux d’instaurer des “cours d’environnement à la forêt et à l’usage du bois” dès l’école maternelle, notamment autour de la filière bois afin de faire en sorte que les incompréhensions d’aujourd’hui n’en soient plus demain.

Les enfants sont les êtres les plus curieux qui existent, pourquoi ne pas leur offrir les réponses aux questions qu’ils se posent. Comment répondrions-nous à un enfant s’il nous demandait aujourd’hui: “Pourquoi il n’y a plus de coquelicots ? Pourquoi le grand tétras va-t-il disparaître ? Et pourquoi il n’y aura plus de neige dans les Vosges ? Dirions-nous que ce n’est pas de notre faute ? De toute manière, quelle que soit la réponse, vous portez une large part de responsabilités.

Theresa :

Dans ce contexte de changements climatiques, avec une population croissante et par conséquent un besoin en matières premières croissant, comment peut-on envisager le futur de notre filière? Il va nous falloir récolter plus de bois dans le futur, c’est une réalité afin de pouvoir répondre aux besoins de l’humanité tout en respectant l’environnement.

Comment récolter plus de bois dans une forêt qui lutte aujourd’hui, contre les scolytes, les prédateurs divers, les été trop secs et les incendies. On pourrait être tenté de baisser les bras et penser que la meilleure chose serait de laisser notre forêt tranquille.

Nous pensons que nous devons tout faire pour que la forêt de 2100 soit une forêt en santé ET qui permette la récolte du bois dont nous aurons besoin. De cette manière elle pourra répondre aux trois piliers du développement durable : répondre aux besoins de l’homme, constituer un lien social et assurer une écologie durable. Nous avons aussi la vision d’un quatrième pilier : celui de la forêt comme entité. La forêt qui mérite de bien vivre à long terme, car elle est elle-même un être vivant.

Mathilde :

La forêt est une grande réponse aux défis climatiques. Nous avons besoin de la forêt. La forêt c’est un berceau de biodiversité, de ressources comestibles et produisant un matériau incroyable : le bois. Le bois c’est toute une filière d’ameublement et de construction, du stylo jusqu’au R+7 en bois, l’avenir sera inévitablement bois.

Alors, il faut oser innover. La construction bois ne peut plus se cantonner aux essences résineuses, surtout dans le Grand-Est. Il va falloir trouver des solutions constructives en mélangeant les essences. Pour cela, il va falloir développer la recherche et notre connaissance du matériau bois, avec davantage de subventions pour les chercheurs.

Que les architectes et maîtres d’ouvrages osent sortir du cadre et proposent des solutions avec des feuillus dans les projets constructifs actuels.

Il faudrait créer des subventions spécifiques pour valoriser l’utilisation des bois locaux, et surtout dans les constructions publiques qui ont valeur de démonstration.

Mathilde :

Comment assurer une forêt ressource, qui remplisse toutes les fonctions dont nous aurons besoin d’ici plusieurs années ?

Il faut préserver ce qui est. Nous avons la chance dans le Grand Est, d’avoir un reboisement supérieur à la moyenne de France, il faut pouvoir en faire un avantage.

Nous devons l’adapter autant que possible à ce que sera demain. Comme pour nos enfants, il faut lui donner un maximum de chances de résister aux changements climatiques. La forêt sera donc diversifiée en essences et en provenance. « N’élevons pas nos enfants pour le monde d’aujourd’hui. Ce monde aura changé lorsqu’ils seront grands » disait Maria Montessori. Elle avait tellement raison.

Nous devons analyser et surveiller la forêt, afin de réagir au plus vite en cas d’imprévu. Grâce à la recherche, caractériser le bois des nouvelles essences plantées afin d’optimiser et de généraliser leurs utilisations.

Pour conclure, la forêt et le bois seront indispensables pour relever les défis qui nous attendent. La forêt servira à nous faire respirer, le bois servira à nous loger, nous nourrir et nous rendre heureux. Pour cela, décideurs, acteurs de la filières, citoyens, nous devons préparer la forêt de demain, et nous devons nous préparer nous même à en être les acteurs, une forêt qui sera à n’en pas douter un bien commun dont l’humanité a besoin.

Merci pour de nous avoir écouté et de nous avoir permis de participer à ces assises.

Le programme des Assises : Copie-de-Remiremont-Palais-des-Congres.pdf

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